19 mars 2015 à 21:15
JEFF un mec sincère et respecté au SVF
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JEFF un exemple d'intégration dans le monde amateur
Rivière : «L'arbitre a sorti un carton blanc, je n'ai rien compris»
Ils ne sont plus professionnels, plus aussi connus et reconnus, mais ils continuent de taper dans le ballon chaque semaine chez les amateurs, parmi les inconnus. Avec un plaisir certain et une passion intacte. Quatrième et dernier volet de cette série de témoignages avec Jean-François Rivière (38 ans), qui joue à Sud Vendée Foot en Division Régionale Honneur.
«C’est à dix minutes de chez moi, un pote était entraîneur là-bas et il m’a appelé pour savoir si je pouvais donner un coup de main. Je me suis dit : «Pourquoi pas prendre du plaisir avec des mecs qui se prennent pas la tête, faire un bon match de foot avec les copains et voilà». Après, bien évidemment, tu as toujours l’envie de gagner. Il faut oublier toutes les exigences que j’ai eues envers mes collègues et moi-même. J’ai dû faire preuve de tolérance dans les exercices, dans la compréhension tactique, parce que ce qui est évident pour moi ne l’est pas forcément pour un amateur, et aussi accepter mon âge parce que je n’ai plus mes jambes de 20 ans. C’est vraiment un moment de partage autour d’une passion commune, peu importe le niveau que j’ai pu avoir. C’est la passion commune du foot qui prime. Mes collègues avaient des a priori, ils pensaient que je pouvais me croire au-dessus, que je pouvais me mettre en avant, du genre : "Bon, écoutez-moi, je suis un ancien pro alors donnez-moi les ballons et je vais marquer". Ils se sont vite aperçus que ce n’était pas du tout mon leitmotiv. Je ne vois pas l’intérêt de me déplacer le dimanche avec l’équipe pour faire le beau. Je vis de très bons moments avec eux, parce qu’on est dans l’échange, aussi bien sur le football que sur la vie en général.
«Je pensais que l'arbitre s'était trompé, qu'il avait pris une feuille parce qu'il n'avait plus ses cartons jaune et rouge. Je croyais que c'était la pharmacie, qu'on appelait le soigneur...»
Avec certains adversaires, ça a été compliqué parce que dans leur tête c’était : "Je joue contre un ancien pro et je vais lui montrer ce qu’est le foot amateur". Lors de mon troisième match, je me suis fait insulter en permanence, j’ai pris des coups volontaires et j’ai eu une fracture au niveau des côtes. Depuis, c’est fini, j’ai décidé de ne plus jouer attaquant. La troisième mi-temps est super agréable. Dans le milieu pro, je prenais un soda, maintenant je prends une bière. Il faut oublier ce statut de privilégié que l’on pouvait avoir, oublier le fait d’être reconnu. Les photos, les autographes, c’est fini tout ça. Avant de devenir pro, on est tous amateurs, il ne faut pas oublier d’où on vient et apporter son expérience à ce niveau pour faire avancer le foot français. Lors de mon premier match, l’arbitre a sorti un carton blanc à notre capitaine. Je n’ai rien compris. J’ai regardé tous les joueurs en leur disant : "Eh les gars, c’est quoi ça ?" Je n'en avais jamais vu. Et je pensais que l’arbitre s’était trompé, qu’il avait pris une feuille parce qu’il n’avait plus ses cartons jaune et rouge. Je croyais que c’était la pharmacie, qu’on appelait le soigneur, mais non, les gars ont rigolé et m’ont dit : "Il est expulsé dix minutes, c’est temporaire". C’était très drôle, j’étais le seul à ne pas connaître. Du coup, à la fin du match, on m’a dit : "Ça y est c’est fini les pros maintenant t’es chez les amateurs."»
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